Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.
Dimanche 2 février, Ahmed, Bah, Daniel, Grégory, Julien et Petru ont été accueillis par Sarah, Marie, Pierre et Éloi.
À 20 h 15 tous sont là. La mise en place du dîner, conclue avec l’allumage de bougies décoratives sur la table, est rapidement achevée. Toutefois le dîner ne commence pas tout de suite car Bertrand De Battista est venu spécialement pour s’entretenir en tête à tête avec Petru puis Grégory pour leur rappeler les règles de la vie en communauté qu’ils avaient un peu oubliées ces derniers temps.
Les Pèlerins d’Emmaüs, Détail de la bénédiction, Titien (1490-1576),
huile sur toile, 169 x 244 cm, Paris, musée du Louvre
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Tous se mettent donc à table 20 minutes plus tard mais le dîner ne commence toujours pas car Petru apporte une bougie, l’allume et la place sur la table puis débute une prière à voix haute en roumain - que Sarah nous traduit grâce à son iPhone - pour bénir la table et les convives, le tout dans un silence religieux et attendri de ces derniers. C’est un moment très fort. Le dîner débute alors, mais sans Petru qui va se coucher sans un mot.
La grande marmite de soupe de cresson de Marie est rapidement vidée pour laisser la place à la blanquette de veau-sans-veau-mais-au-poulet avec des carottes et du riz très agréablement parfumée au citron de Sarah, et la note sucrée est apportée par un riz au lait et compote de pommes qui ravissent l’assistance. C’est un grand succès pour nos cuisinières car tous se déclarent parfaitement repus !
Pendant la dégustation de ces mets la conversation, parfois générale, plus souvent éclatée, a été fournie. Elle a porté pêle-mêle sur la relation entre humains et robots, sujet lancé par Marie qui a vu une pièce de théâtre à ce sujet, la victoire des rugbymen français sur l’Angleterre, le parcours passé et futur d’Éloi - sa présence parmi nous ce soir en intriguant plus d’un - le Brexit, le coronavirus, les voyages, etc.
Certains sont très curieux, d’autres très attentifs, certains parlent beaucoup, d’autres un peu mais tous dégagent une impression de fraternité et d’attention aux autres parfois touchante. Grégory, en particulier est souriant, enjoué, aidant et pas une seule fois critique. Merci Bertrand !
Le rangement puis le coucher se passent sans histoire, la nuit est calme (pas de ronflements majeurs à signaler) et le lever débute dès 6 h 45, ce qui laisse amplement le temps de profiter du petit déjeuner au cours duquel Daniel fait part de façon très ferme de son attachement à la séparation entre la religion et l’État. À la toute dernière minute j’entends Bah poser des questions sur Jésus à Éloi…Un nouveau Soro peut-être ? Départ à 8 heures avec des au revoirs fraternels.
Il manque du lait, du beurre, un fromage cœur de lion, un flacon de savon liquide pour le lavabo et des yaourts. On peut apporter du pain frais.