mercredi 28 février 2018

Compte-rendu du 56e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul. Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Mardi 27 février, Thomas, Pierre, Véronique et Bernard ont accompagné Moussa, Soro, Soulymane et Umberto.

Nature morte au saumon et au citron, 1772,
Luis Eugenio Mélendez (1716-1780), huile sur toile,
62 x 41 cm,Madrid, Museo Nacional del Prado
«Alain était absent.

Le dîner préparé par Thomas et Pierre a été apprécié : 
soupe, gratin de saumon, riz au lait. 

La nuit a été accompagnée par Véronique et Bernard.

Moussa a été réveillé à 5 h 30 pour un départ à 6 h : démarche administrative .


Après une nuit calme, départ à 8 h.»

Compte-rendu du 55e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul. Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Lundi 26 février, Laurent, Diane et Pascal ont accompagné Alain, Moussa, Soro, Soulymane et Umberto.

Moulin à café, 1911, 
Marcel Duchamp 
(1887-1968), 
graphite et 
peinture à l’huile,
33 x 127 cm, 
Londres, Tate Collection

«Tout le monde a bien été présent au rendez vous pour la première soirée du grand froid sibérien. 
Le froid ne s’est pas trop fait ressentir.

L’ambiance a été joyeuse l’ensemble des convives ont montré une très bonne humeur a priori un peu au dépend de la préfecture d’après ce que l’on a pu comprendre.

Umberto nous a raconté son parcours musical, qui s’est déroulé sur plusieurs continent, très intéressant.

Le dîner comme a l’accoutumée a été très bon avec des spécialités culinaires notamment du nord de la France et une excellente soupe châtaigne et champignon 

Dans ce qui manque, il faudrait penser à amener du nescafé car la machine à café ne fonctionne pas bien.»

lundi 26 février 2018

Compte-rendu du 54e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul. Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Dimanche 25 février, Mathilde, Enguerran, Augustin et Pierre ont accompagné Alain, Moussa, Soro, Soulymane et Umberto.

Balade parisienne, 1966,Willy Ronis (1910-2009),
Charenton-le-Pont,
Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine
«À 20h 15 ils sont tous là ! Après quelques coups de fil et discussions de retrouvailles la table est mise (avec l’accompagnement de quelques accords de violon d’Umberto) et le dîner débute avec une soupe bien chaude fort appréciée de tous vu la température extérieure. Il se poursuit avec un plat de blancs de poulet cuits dans du coco, de la coriandre et bien d’autres choses, servi avec du quinoa que découvrent avec bonheur nos amis africains.
On en redemande et finalement il ne reste que l’équivalent d’une barquette qu’Alain remportera le lendemain, le tout conformément à la politique « no reste » ! Personne ne voulant de fromage on passe directement à la compote de pommes servie dans des verres faute d’un nombre de bols suffisant (peut-être quelque chose à rajouter à la vaisselle existante ?) et accompagné de délicieux petits sablés faits maison.
La conversation, éclectique comme à l’accoutumée, débute avec une description de la très longue ballade dans Paris de Soro et Moussa guidés par Augustin. Augustin a une longue discussion avec Alain (qui a quelque chose à dire quel que soit le sujet de discussion abordé) tandis que Souleymane comme d’habitude écoute d’une oreille et suit un match de foot de l’autre et que Moussa reste surtout silencieux.
Umberto, malheureusement placé en bout de table, participe peu. Mais tout bascule d’un coup lorsque vient sur la nappe (on ne se souvient plus comment) la question de la politique en Côte d’Ivoire. On assiste alors au spectacle étonnant de Souleymane, soudain exalté, prenant à témoins les accueillants de la turpitude de…. eh bien nous ne savions pas de qui il s’agissait car nous ne pouvions comprendre un traître mot de ce qu’il disait. La véhémence de Souleymane allait crescendo et Alain se mettait aussi de la partie mais de façon plus cool, tandis que Soro trouvait tout cela très drôle.
Finalement on demanda gentiment à Souleymane de se calmer et de se rasseoir et le reste du dîner se passa très bien. Alain tint à nous expliquer qu’il s’agissait là de la façon normale dont les africains parlent de politique et qu’il n’y avait aucune animosité de part et d’autre, ce que nous sommes tout à fait portés à croire. En fait ils étaient peut-être même tous du même avis…
La table fut promptement rangée et après le départ d’Enguerran et Mathilde quelques conversations se poursuivirent tranquillement. Les lumières furent éteintes à 22h15 et malgré les inquiétudes de la veille la nuit fut bonne et personne n’eut froid.
Lever à 7 heures, petit déjeuner convivial, et départ dans le grand froid redouté à 8h10.
Je retiens deux leçons de cette soirée : veiller à ce qu’Umberto soit assis près d’un accueillant ; et éviter à tout prix de parler de la politique en Côte d’Ivoire.
Les quelques choses manquantes seront apportées lundi soir.»

Compte-rendu du 53e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul. Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Samedi 24 février, Sabine, Benoît, Alexandre et Baudoin ont accompagné Alain, Moussa, Soro, Soulymane et Umberto.


Portrait de l’architecte
Jacques-Ignace Hittorff,
1829,
J-A D. Ingres (1780-1867), 
Paris, musée du Louvre
«Arrivé quelques minutes avant 20 heures, Umberto et Moussa attendait devant la grille.
C’est la première fois que je voyais l’un et l’autre, et il faut dire qu’il y avait un sacré contraste entre le sourire rayonnant d’Umberto et le désespoir visible sur le visage de Moussa.
Les mouvements de va-et-vient habituels se sont enchaînés jusqu’à 20 h 30, le temps que tout le monde arrive, de dresser la table et de préparer le dîner.
Le dîner comme à chaque fois délicieux, a été l’occasion de partager un bon moment. Mis à part Moussa qui était fatigué et avait un petit moral, tout le monde était en forme, notamment Alain qui n’a pas la langue dans sa poche.
Nous avons parlé de l’architecte de Saint Vincent de Paul, de littérature et de religion: vaste programme...
Après le dîner, Benoît et Umberto nous ont fait un bœuf, et il faut dire que les talents musicaux d’Umberto sont extraordinaires (désolé Benoît ;-)). Dernière clope, brossage de dents, et discussions. Alain et Soro ont discuté notamment de la vague de froid qui arrive. Soro la redoute car il n’a jamais vécu ça.
Le lendemain, Moussa a allumé la lumière avant l’heure ce qui a crée un peu de mécontentement. Alain était beaucoup moins bavard que la veille.
Il n’y a plus de sacs poubelle ni de fruits.»

dimanche 25 février 2018

Compte-rendu du 52e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul. Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

vendredi 23 février, Claire, Éléonore, Julia et Bertrand ont accompagné Alain, Moussa, Soro, Soulymane et Umberto.

«Comment imaginer Alain dormant la veille au milieu des voyageurs affairés de l’aéroport pour se protéger des températures négatives, lorsqu’on participe à cette soirée dans la crypte, soirée particulièrement joyeuse, souriante, légère, digne d’un repas de Noël dans un film de Capra.
À part Soulymane qui garde ses écouteurs en Y pendant tout le repas (mais bon, il faut être tolérant, même avec les générations Y ;-), tout le monde participe aux conversations du dîner avec entrain. Les idées fusent dans la tête d’Alain, il semble heureux de partager ses nombreuses connaissances, d’autant qu’il va passer sa première nuit au chaud depuis bien longtemps, ce qui lui permettra d’avoir «moins d’idées noires». 

Soro, qui s’exprime de manière de plus en plus fluide, rebondit sur les sujet lancés par Alain et fait un peu le traducteur pour Moussa. On parle beaucoup d’Afrique et un peu d’Amérique du Sud : ils nous font un panorama des langues parlées par région et Soro et Moussa tentent d’apprendre à Éleonore quelques mots de Dioula.

Maternité,1921, Pablo Picasso (1881-1973),
huile sur toile, 
Munich, Pinakothek der Moderne, 
Sammlung Moderne Kunst
On évoque également les prénoms donnés en Afrique, beaucoup plus «chrétiens» que les nôtres tels que Dieudonné ou Dieumerci lorsqu’une femme souhaite remercier Dieu pour un enfant qu’elle n’espérait plus. Mais tout le monde n’a pas eu la chance de porter un prénom aussi porteur de sens : Claire nous explique qu’à l’époque de sa grand-mère, les hommes passaient d’abord faire la tournée du village pour fêter la naissance avant de déclarer le prénom en mairie, ce qui entraînait quelques trous de mémoire à l’arrivée... Même s’il en rajoutait probablement un peu, Alain fait bien rire son public lorsqu’il explique que ses camarades de classe avaient comme prénom François Mitterrand ou Charles de Gaulle Etoile.
Moussa a toujours du mal à faire sortir des mots en français mais il répète avec application les mots «violon» et «piano» et son sourire est quoi qu’il en soit très «parlant». Umberto semble également heureux d’être ici.

Les convives ont beaucoup mangé : après avoir dégusté les carottes fraîchement râpées, ils se sont resservi à plusieurs reprises d’assiettes pleines à ras bord de lasagnes au saumon et épinards préparées par Claire. Moussa a même raclé le fond du plat … en vue d’une dégustation matinale au petit déjeuner. Il n’est pas non plus resté une miette du gâteau au yaourt et citron.
Lorsqu’Umberto réalise que le violon que lui a tendu Claire en début de soirée était un cadeau, il nous offre un moment de grâce : il interprète devant nous plusieurs morceaux (Vivaldi et musique cubaine) avec beaucoup de virtuosité (Soulymane a même enlevé ses écouteurs!).

Extinction des feux à 23 h. Les ronflements (dignes de ceux de Moïse il y a 2 ans) s’arrêtent heureusement au bout de 10 minutes.
Tout le monde semble donc avoir passé une bonne nuit, même Julia qui n’est pas tombée de l’estrade où elle dormait. Alain aurait mieux dormi avec un oreiller, il va essayer d’en trouver un.
Le petit déjeuner est détendu et Umberto et Alain partent en repérage de la médiathèque Françoise Sagan car Umberto veut y lire du Balzac.

PS : au moment de fermer la grille à 22 h, un homme s’approche de moi et me demande : «c’est ici la veillée de prière ?». Je m’abstiens de lui répondre «non, dans cette Eglise on ne fait que dormir» mais lui répond qu’il doit s’être trompé. Mais il a du mal à croire que son GPS l’ait conduit au mauvais endroit ! Il me montre donc l’invitation sur son téléphone sur lequel il est indiqué : « Veillée de prière. Paroisse Saint Vincent de Paul. Clichy »…»

vendredi 23 février 2018

Compte-rendu du 51e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul. Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Jeudi 22 février, Anne, Véronique et Bernard ont accompagné Moussa, Soro, Soulymane et Umberto.


Still life, Tamara de Lempicka (1898-1980),
huile sur toile, Turin Palazzo Chiablese
« Nous sommes tous réunis à 20 h 10. 
Umberto explique sa situation et nous informe qu’il n’y aurait plus de problèmes, s’il avait la possibilité de rejoindre l’Espagne. Mais il n’a pas d’argent et 50€ lui permettraient de prendre le bus. Nous lui répondons que nous ne pouvons pas lui donner cette somme. Échange en espagnol avec Véronique.

Nous annonçons la venue d’Alain.
Nous passons à table pour nous réchauffer avec la velouteuse soupe au chou-fleur de Véronique, puis nous partageons un curry de poulet et ignames. Les noix de cajou et les amandes sont très appréciés.

Le chou-fleur introduit une discussion autour des légumes et nous remercions Wikipédia pour sa banque d’images. Moussa s’exerce au français et répète avec application les nouveaux mots. Soro est enchanté de ses 3 séances de français à la bibliothèque Françoise Sagan. Umberto aimerait également progresser dans la langue.
Véronique et Bernard racontent leur expérience dans le désert et le froid nocturne qui y sévit pendant que Soulymane suit par intermittence le match Marseille Nice. Soro conclut que le désert est très dangereux, qu’il n’y a pas âme q
Le repas se conclut par des fromages blancs toujours très appréciés suivi d’un gâteau caramélisé accompagné d’une rafraîchissante salade d’oranges : un régal
Soro lit tout ce qu’il trouve : composition des «câlins», dépliant cinéma … (c’est touchant et peut-être qu’un livre illustré pourrait lui faire plaisir)
Ambiance de scouts très joyeuse entre Moussa, Soro et Soulymane au moment du coucher pendant qu’Umberto se brosse les dents.

Interrupteurs baissés à 23 h. Nuit calme
Pour les spécialistes, Soulymane et Bernard nous informent des résultats du match : Marseille a perdu mais elle a gagné... Tout le monde est rassuré.
Ménage puis sortie à 8 h 10.

Intendance : pas de restes, peu de fruits (2 pommes, 4 mandarines), les 3 baguettes ont été terminées. Plus de sucre en poudre. »

jeudi 22 février 2018

Compte-rendu du 50e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul. Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Mercredi 21 février, Corinne, Galdric et Jean-Baptiste ont accompagné Moussa, Soro et Soulymane et Umberto.

Coupe de fruits et violon, 1913, Pablo Picasso (1881-1973),
 aquarelle, carton, collage, fusain, papier journal,
peinture à l’huile et pierre noire, 49,5 x 64,8 cm,
Philadelphie (Pa.), Philadelphia Museum of Art
« Soirée tranquille autour d’une soupe courge pomme de terre - tomate - châtaigne selon la recette secrète de la coloc de Galdric, tajine d’agneau et purée de patates douces, et gâteau aux pommes qui sera davantage apprécié au petit déjeuner. 
Nous parlons instruments de musique et violon avec Umberto qui apprend avec tristesse la mort de Didier Lockwood, puis la question de savoir qui est le plus grand footballeur africain occupe le centre du débat.

Si j’ai bien compris, Eto’o Fils remporte les suffrages car non seulement c’est un excellent footballeur, devenu très riche, mais il utilise sa fortune pour faire le bien autour de lui, contrairement à d’autres que nous ne nommerons pas.
Jean-Baptiste remarque que Moussa est plus souriant et détendu, et que Soro parle bien mieux français qu’à son arrivée.

Extinction des feux à 22 h après le départ de Galdric. 
Il n’y a vraiment qu’à Hiver Solidaire qu’on puisse dormir neuf heures une nuit de semaine !
Petit déjeuner sans histoires. Nous quittons les lieux à 8 h 10. »

mercredi 21 février 2018

Compte-rendu du 49e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul. Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.


Mardi 20 février, Pascale et Damien ont accompagné Moussa, Soro et Soulymane et Umberto.


« Soirée très réjouissante autour d’une grande tablée.
Avec Moussa, Soro, Souleiman et Umberto, Isabella et Éric que nous avions rencontrés au Comité Refuge Solidaire de Briançon, Antonia l’assistante sociale des captifs qui accompagne les accueillis dans leurs démarches administratives et leurs projets, nos enfants Roch et Mahaut ainsi que Morgane notre deuxième fille venue du Mexique.
Au total 4 jeunes de 23 ans dont les conversations fusent parfois couvertes par les éclats de rires sonores d’Isabella.
Souleiman observe avec contentement, tandis qu’Umberto égaie la conversation de mots en espagnol.

Menu végétarien avec soupe à l’oignon, Chili sin carne (mais avec tofu) et gâteau à l’ananas. Les Câlins restés au frigidaire ont fait le régal de Soro et Moussa (une idée à retenir) tandis que nous dégustions à l’aveugle 5 camemberts affinés au frigo.
Réveil en douceur ce matin, le jour se lève, 8h chacun s’égaie dans la ville.»

mardi 20 février 2018

Compte-rendu du 48e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul. Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Lundi 19 février, Diane, Anne-Marie, Nathalie et Augustin ont accompagné Moussa, Soro et Soulymane et Umberto.

Village à l’âne rouge, 1984, Marc Chagall (1887-1985), 
estampe, 54,5 x 42,5 cm,
Nice, musée national Marc Chagall
«Arrivée de tout le monde sous une pluie fine, installation rapide et efficace comme à l’accoutumée. Soro semblait se porter mieux mais il souffre encore de maux de tête. Soirée sympathique et sereine. Les conversations sont variées et passent du coq à l’âne : les motos, les voitures, Paris, le comportement « bling bling » de certains ... 

Mais l’unanimité est indéniable pour le repas, la soupe de légumes variés, l’agneau massé (dixit Diane) avec une pâte d’huile d’olive de filet d’anchois et autres ingrédients au mélange subtil, carottes et pommes de terre (portions gardées pour le lendemain au petit déjeuner). Pour finir, nous avons apprécié une salade de fruits et petits gâteaux.
Nuit calme, petit déjeuner dans la foulée avec juste un moment de tension au moment de la vaisselle : il faudrait veiller à ce que la vaisselle soit faite à l’image de celle du soir c’est-à-dire tous ensemble et non pas pour certains dans les lavabos du haut.
Nous avons quitté un peu tardivement la crypte (8 h 15) dans un froid mordant mais sans pluie (pourvu que cela dure).

Intendance :
Curieusement deux baguettes n’ont pas suffit, il a fallu en acheter pour le petit déjeuner, il semble que la quantitié de pain soit vraiment aléatoire.
Il reste 8 pots de fromage blanc et des clémentines en quantité.»

lundi 19 février 2018

Compte-rendu du 47e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul. Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Dimanche 18 février, Muriel, Jolanta, Anne et Baudoin ont accompagné Moussa, Soro et Soulymane et Umberto.

« Moussa est déjà là à mon arrivée et nous parlons de Seko, son bambino de un an en attendant 20 h.
Ensuite Muriel, Jolanta et Baudoin nous rejoignent. Lama passe récupérer ses affaires car il a obtenu un logement définitif. Le groupe est au complet vers 20 h 10. 

Sans titre, peintre cubain
originaire de La Havane.
Muriel sert une soupe incroyable et veloutée, tomates, carottes, pois chiche et lentilles et si j’ai bien entendu un peu de moutarde … Jolanta a concocté un plat de pâtes torsadées tricolores poulet courgette qui a eu un franc succès. Les restes «pâtes et soupe» ont constitué le petit déjeuner de Soro et Moussa. 
La discussion a voyagé en suivant les concours de musique passés par Umberto (Cuba, Argentine, Chili, Espagne) et les origines de chacun en faisant à chaque fois une petite escale pour converser sur la Catalogne indépendante, la place des langues et en particulier du français, l’hospitalité et la générosité des Polonais… Baudoin en année de discernement, avoue mieux s’exprimer en latin qu’en anglais et se révolte sur le slogan anglais «Made for sharing» des J.O. Moussa et Soro restent silencieux. Soro est extrêmement fatigué. Il partira se coucher avant la vaisselle ce qui n’est pas son habitude. Vaisselle active. Umberto n’a pas vraiment sommeil et s’intéresse à la vie de chacun.
Extinction des feux à 22 h 45.
Réveil 7 h, petit déjeuner très varié
Soro tient à se rattraper et s’active à la vaisselle du petit déjeuner. Il dit qu’il est malade, peut-être le paludisme et que la veille, son corps le faisait souffrir. Il s’est réveillé ce matin avec une migraine.
Moussa a javellisé les toilettes… Bref un départ énergique
Baudoin fermera et déposera les clefs chez Michel car il rejoint les Captifs vers 9 h 30
Intendance :
Il reste des mandarines : Muriel avait choisi des spéciales Soulymane qui a beaucoup apprécié et un joli paquet avait été gentiment déposé sur les marches.
2 paquets de café sont ouverts dans le frigo
2 paquets de 8 fromages blanc»

Compte-rendu du 46e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul. Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Samedi 17 février, Sabine, Pierre, et Père Stéphane ont accompagné Moussa, Soro et Soulymane et Umberto.

« À 20 h Sabine, Soro, Moussa et Umberto sont là, vite rejoints par le Père Stéphane. Alors que les autres commencent à prépare la table, je reste dehors avec Umberto pour attendre Souleymane. Umberto me fait parler sur la situation politique et sociale en France, qui l’intéresse. Au moment où je vais fermer les grilles Souleymane apparaît et nous rejoint avec une certaine nonchalance. Pour ma part je pense que l’attente jusqu’à 20 h 30 est justifiée mais qu’après les grilles doivent être fermées, avec vérification ultérieure à 20 h 45…mais cela n’est que mon opinion…
Le dîner, préparé exclusivement par Sabine, est composé d’une soupe verte (cresson, courgettes, pommes de terre), rapidement avalée, d’une lasagne au bœuf très parfumée et d’un gâteau amandes/oranges, garanti sans farine et sans beurre. Comme chaque fois qu’ils sont confrontés à une nouveauté culinaire nos accueillis commencent par refuser, puis par accepter un échantillon et finissent par déguster avec beaucoup d’entrain.
À noter qu’Umberto mange très peu, étant donné, dit-il, qu’il a déjà mangé. Il faudra lui redire que le dîner en commun reste un élément essentiel de l’expérience HV.

L’orchestre, 1943, Raoul Dufy (1877-1953), huile, 51 x 16 cm, 
Paris, musée d’Art moderne de la Ville de Paris

Au cours du dîner la conversation reste animée. Pour commencer chacun des accueillants teste son meilleur espagnol avec Umberto qui réagit avec gentillesse. C’est l’occasion de rappeler qu’il ne faut pas dire dans un restaurant espagnol que l’on veut manger du gâteau ni hésiter à demander dans une pharmacie un remède contre la constipation, et ce pour des raisons phonétiques. Umberto nous raconte une anecdote amusante concernant la surprise pour le public espagnol - et le chef d’orchestre russe - au théâtre de musique de Barcelone, de découvrir dans l’orchestre un violoniste noir.

On constate des progrès de compréhension du français par Moussa. Soro nous révèle qu’il n’a jamais été à l’école mais qu’il a appris le français dans des cours du soir de 20 h à 23 h une fois par semaine. On lui conseille d’essayer de lire des Tintins pour enrichir son vocabulaire de manière plaisante. Souleymane est très actif avec son portable mais suit quand même la discussion et intervient de temps à autre.
Conformément à la volonté de supprimer les restes, Sabine repart avec le (petit) reste de lasagne et de soupe, en laissant le (petit) reste de gâteau pour le lendemain.
Après le rangement du dîner (lors duquel Umberto découvre quelques petits signes d’impatience de la part des autres car il ne fait pas comme ils sont habitués à faire) et après les toilettes de tout un chacun, Moussa se couche le premier, Soro et Souleymane remontent pour téléphoner et Umberto reste pour un bout de discussion.
Homme dormant, 1938, Renato Guttuso (1911-1987), huile sur toile,
Milan, galerie d’Art moderne

Ceux d’en bas se couchent à 22 h 15 et ceux d’en haut à 22 h 30.
Nuit sans problème. Souleymane, le premier levé, met en marche le café et tous sont présents au petit déjeuner. Tous sont serviables et de bonne humeur. Il me semble qu’Umberto est de plus en plus accepté par les autres.
Départ à 8 h 30.
À noter qu’il faut acheter un flacon de liquide pour la vaisselle, que deux baguettes sont effectivement suffisantes et, enfin, que deux boîtes en plastique (l’une oblongue avec couvercle bleu) et l’autre en forme de coupe, toutes deux avec couvercle, ont été oubliées. Il faudrait aussi apporter de nouveaux torchons et nettoyer les existants. »

samedi 17 février 2018

Compte-rendu du 45e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul. Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.


Vendredi 16 février, Laurent, Augustin, Derek, jilian et Eliette ont accompagné Moussa, Soro et Soulymane et Umberto.


Tour Eiffel, 1926, Robert Delaunay (1885-1941),
huile sur toile, 104 x 170 cm,
Paris, musée d’Art moderne de la Ville de Paris
« Moussa arrive à 20 h, les autres accueillis un peu plus tard. Nous nous installons, le père Derek s’éclipse quelques minutes pour revenir avec son lapin en cage. 
Nous commençons le dîner avec une soupe de lentilles corail au curry puis nous continuons avec du riz et une sauce au thon, aux aubergines et à la tomate. Nos amis accueillis n’ont pas aussi faim que d’habitude : les portions sont raisonnables et personne ne se ressert, Umberto ne prendra même pas du plat principal.

On sent bien que chacun est fatigué. Les conversations restent encore éclatées entre groupes de convives, même si c’est moins marqué qu’au début de la saison. Moussa semble avoir progressé dans sa compréhension du français (moins dans son expression), Umberto et Augustin (en année de discernement à Paray-le-Monial qui passe un mois en stage aux Captifs) échangent sur leur intérêt commun de la musique et de la philosophie...

Soro me questionne sur cette grande antenne de télévision que l’on voit de loin et qui est éclairée la nuit. Cette antenne l’intrigue. Je lui explique qu’il s’agit sans doute du monument français le plus célèbre dans le monde et principal symbole de Paris : la tour Eiffel. Je propose que nous accompagnions un jour nos amis accueillis pour une petite visite touristique.

Nous finissons le dîner avec une salade de fruits. Nos amis font à plusieurs reprise une remarque sur le gaspillage de nourriture, dont on comprend bien que c’est un sujet qui leur tient à cœur. Il ne faut pas prévoir trop de quantités, ramener ce qui n’est pas consommé le soir même sous peine de rester longtemps dans le réfrigérateur pour finir jeté, pas de fromage, limiter le pain (pas plus de 2 baguettes par jour).
Les représentants de l’aumônerie nous quittent à la fin du repas (le lapin aussi) et chacun participe activement à la vaisselle. Extinction des feux à 22 h, nuit calme, réveil à 7 h, petit déjeuner, rangement, puis départ à 7 h 45.
Prévoir pour ce soir une louche (indispensable pour servir les soupes), des verres pour boire (il en manque), des yaourts natures et 2 baguettes de pain au maximum. Si possible, pas de plat avec du riz car nos amis accueillis en ont eu 3 ou 4 fois consécutives cette semaine.

Derek propose qu’une réclamation soit faite auprès du plombier qui a installé récemment la robinetterie étant donné son mauvais état. »

vendredi 16 février 2018

Compte-rendu du 44e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul. Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Jeudi 15 février, Aude, Édouard, Thibault et Pierre ont accompagné Moussa, Soro et Soulymane et Umberto.

Auguste Hébert, père de l’artiste
avec mademoiselle Buscoz au piano
,
Ernest Hébert (1817-1908),
huile sur toile, 60 x 79 cm, 
La Tronche, musée Hébert
« Soro est le premier arrivé suivi de Umberto, de Moussa et de Souleymane. Moussa était accompagné d’un nouvel ami, Traoré (ivoirien?) ce qui a donné lieu à palabre pour expliquer une nouvelle fois à Moussa que la soirée n’est pas «porte ouverte à tous». Comment lui faire comprendre ?
Au menu: soupe aux légumes du soleil, poulet au riz parfumé si besoin de coriandre et agrémenté d’une compotée d’oignons, tarte aux pommes, tous savoureux et d’exacte proportion.
Soirée ibérique, de musique sans paroles, peu de paroles à tout le moins qui nous ont conduits presque exclusivement à Cuba et en Argentine, Umberto étant le plus disert, son beau sourire et ses yeux ronds étant déjà très accueillants.

À l’orée du dessert, Umberto s’est assis au clavier en improvisant, bientôt rejoint par Naomie pour une pièce à quatre mains; invitée par Umberto, Naomie a alors interprété le 2° mouvement du concerto brandebourgeois en fa majeur de Bach puis un Ave maria puis Cordoba d’Albéniz. À nouveau à quatre mains, Naomie et Umberto ont joué des pièces d’Astor Piazzola. Enfin, Naomie a eu la dernière note avec une Polonaise de C... 

Superbe moment musical et fraternel, tout autant. Il aura une suite, Umberto si possible au violon cette fois, son instrument de prédilection. Dans cette perspective, un appel est lancé à prêter un violon le temps d’une soirée.

Retour à la prosaïque quoique dynamique vaisselle ! Coucher paisible autour de 22 h 30.
Lever comme un seul homme à 7 h. Petit déjeuner de restes, salé et sucré, du dîner pour Soro, Souleymane et Umberto. Tâches ménagères rapidement et efficacement effectuées.
Rien ne manque sauf six verres
. »

Compte-rendu du 43e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul. Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Mercredi 14 février, Brigitte, Galdric, Jean-Éric et Frédéric ont accompagné Moussa, Soro et Soulymane et Umberto.


Autour du piano, 1885, Henri Fantin-Latour (1836-1904),
huile sur toile, 222 x 160 cm, Paris, musée d’Orsay

« Umberto, Souleymane, Moussa et son ami Jonas sont présents à 20 heures. Jean-Éric et Frédéric expliquent alors à Moussa qu’il ne peut pas inviter ses amis avant d’inviter Jonas à contacter les Captifs pour tenter de rejoindre Hiver Solidaire. Un vrai moment difficile que de lui demander de nous quitter et de l’accompagner jusqu’à la rue. Soro nous rejoint quelques minutes plus tard. Ni Nouri ni Omar ne se présenteront.
Le repas concocté par Brigitte et Galdric régale tout le monde. Umberto ne mange que la soupe au prétexte qu’il a déjà dîner. Le reste des convives se délecte du poulet au curry accompagné de riz parfumé puis du fromage et des fruits.
Dîner (trop ?) calme. Umberto s’exprime peu malgré nos tentatives d’échanges. Moussa, toujours en difficulté avec le français, reste en retrait. Soro nous indique qu’il a vu Nouri dans la journée et qu’il s’inquiète pour lui car il était très alcoolisé et blessé au visage. Souleymane est quant à lui plus passionné par les retransmissions de football, qu’il suit sur son téléphone, que par nos échanges. Nous apprenons par Soro, très admiratif, qu’Umberto joue souvent du piano aux Captifs.
Vaisselle rapidement effectuée. Couché prématuré des accueillis et Extinction des feux avant 23 heures.

Réveil à 7 heures après une bonne nuit de sommeil. Petit déjeuner autour de la revue de presse « football» de Souleymane et des commentaires d’Umberto sur l’hospitalité française qui lui semble se dégrader.
Nettoyage, rangement et remise des clefs à Jean-Michel. Tout le monde se quitte à 8 heures.
Point d’attention : louche manquante (à remplacer).»

Compte-rendu du 42e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul. Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Mardi 13 février, Marion, Juliette, Roland et Galdric ont accompagné Moussa, Soro et Soulymane et Umberto.


Dynamisme d’une tête d’homme,
Umberto Boccioni
(1882-1916),
huile sur toile, Milan,
Civico Museo d’Arte Contemporanea (CIMAC)
« À mon arrivée Davide est déjà présent car il attend Umberto, notre nouvel arrivant en remplacement d’Olivier qui serait provisoirement hébergé par une structure de la République plus coercitive que nous. 
Nous sommes vite rejoint par Galdric mon colocataire de la nuit et par les cuisinières du jour. Soro arrivera en dernier à 8 h15.
Ce soir, c’est l’Aumônerie Bossuet qui se charge, en partie, du repas. Juliette est ainsi accompagnée de Juliana et Lucie deux étudiante en Terminale L.
L’installation des lits et de la table venait juste de se terminer quant arriva le Père Cyprien, qui nous rejoint pour partager le repas.
Nous découvrons Umberto, 43 ans, cubain de La Havane, passé par l’Argentine il y a 20 ans, puis l’Espagne et enfin la France depuis 10 ans. Un frère plus âgé serait installé à Paris. Umberto joue du piano et du violon.
Souleymane bien que physiquement présent, sera l’absent du jour pour cause de match Juventus /Tottenham. Pourtant le football français et Africain sera au cœur des échanges masculins tant le sujet fait consensus autour de la table.
Le reste de soupe de la veille, complété par la soupe du jour de Juliette sera le point de départ de nos agapes en ce soir de Mardi Gras.
Des lasagnes à la Bolognaises, préparées par Marion, suivront, complétées par le Fromage. Quand arriva le chariot des desserts préparé par Marion, Juliette, Juliana et Lucie, un gâteau au chocolat et des crêpes, Umberto déclara forfait. Je crois qu’il ne s’attendait pas à un tel repas. Soro découvre avec nous les crêpes mais n’osa pas en manger. Moussa déjà allongé, fatigué par sa journée n’en profita pas non plus.

Pas de tisane, car il est déjà tard, et il est temps de faire la vaisselle et de rentrer chez soi ou se coucher.
Nuit calme ponctuée par les déplacements de Soro, visiblement reposé, qui profita du cœur de la nuit pour se laver.
Réveil avancé d’un quart d’heure pour cause de messe dans la Crypte. Les bancs ont repris leur place à côté de cette table qui nous invite au partage.
Départ dès 7 h35. Umberto me remercie une nouvelle fois chaleureusement pour sa nuit. »

Compte-rendu du 41e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul. Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Lundi 12 février, Diane, Ingrid, Pascal et Stanislas ont accompagné Moussa, Soro et Soulymane.

Abondance, 1961, Paul Liégeois (milieu du XVIIe siècle), 
huile sur toile, 91 x 65,5 cm, 
Chambéry, musée des Beaux-Arts
« Soirée qui s’est bien déroulée.
Toutefois, il y avait peu d’invités car seulement Soro Soulymane et Moussa, pas d’Olivier et Nouri a préféré rester avec ses amis, soirée plus arrosée que la notre j’imagine sans peine. Mais l’entente entre eux parait assez bonne.
Moussa semble toujours assez fatigué le soir, il faudrait observer qu’il ne s’agisse pas d’un coup de déprime, le fait de ne pas parler le français l’isole beaucoup et doit rendre son intégration très difficile. Il est indispensable qu’il apprenne le français
Pour la logistique, il vaux mieux éviter de faire des proportions trop importantes car cela fait des restes qui d’après ce que l’on peux noter ne sont pas utilisés d’un jour à l’autre. Ils n’ont pas un grand appétit même si les repas sont encore une fois vraiment très bons.»

Compte-rendu du 40e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul. Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Dimanche 11 février, Sarah, Laurence, Jean-Éric et Aubry ont accompagné Moussa, Soro et Soulymane.

Footballeurs, 1961, Pablo Picasso (1841- 1973), 
craie, 66 x 51 cm, 
Paris, musée national Picasso
« C’est ma rentrée Hiver Solidaire!
Une soirée bien calme et pour cause... Ils n’étaient que trois alors que nous en attendions six.
Tout commence à 19 h 40. Je reçois un appel de Damien m’informant que Omar viendrait ce soir, accompagné par la Croix-Rouge : il était alors rue du fg Poissonnière et après quelques échanges, il était d’accord pour nous rejoindre.
Dans le même temps, le boss (Damien) m’annonce que Nouri et Lama seront également parmi nous ce soir.
Après avoir perçu les clés chez le sacristain, j’en profite d’ailleurs pour découvrir la technique bien rodée du trousseau en rappel pendulaire, je me rends sur les lieux où je rencontre Aubry, Sarah, Laurence et Moussa.

Après avoir ouvert les 42 portes, nous commençons à nous installer pour le dîner. Aubry, laissé en arrière-garde sur le trottoir, accueille Soro et Souleymane dans les 10 minutes suivantes.
Je le rejoins pour attendre les retardataires mais en vain. Damien me rappelle pour m’annoncer que finalement, Omar ne nous rejoindra pas, son état ne le permettant pas. Nous attendons Nouri et Lama 10 min de plus mais sans succès. Nous décidons alors de rentrer et de fermer les portes. Il est alors 20 h 30. Je remonterai un quart d’heure plus tard pour jeter un œil dehors, mais sans davantage de succès.
Nous nous mettons alors à table autour d’un succulent repas. Au menu : une soupe de légumes qui nous réchauffe tous, une poule au pot revisitée par Sarah et une délicieuse mousse au chocolat (de régime) dont Laurence nous a partagé le secret.
Au menu des discussions : famille et football animé par trois fins spécialistes de la discipline : Aubry, Soro et Souleymane. Moussa quant à lui, reste silencieux.
Avec Sarah, nous évoquons le souvenir de Daniel, accueilli trois saisons durant, et qui nous a quitté il y a déjà trois ans. J’avais été très affecté par sa disparition. Malgré un caractère bien particulier, le courant passait très bien entre nous. 

Je découvre ensuite un ballet très bien rodé et efficace : Moussa à la vaisselle, les autres essuient ou rangent. Rapidement, les premiers signes de fatigue apparaissent chez nos amis, Moussa est le premier à se coucher. Extinction des feux à 22 h 10.
Réveil pour tous à 07 h, heure à laquelle je quitte les lieux, le devoir m’appelant. Aubry prend alors la suite des opérations et après un bon petit-déjeuner, les accueillis quittent les lieux pour 08 h.
»

Compte-rendu du 39e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul. Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Samedi 10 février, Anne-Marie, Alexandre, François et Pierre ont accompagné Moussa, Soro et Soulymane.

Cacaoyer, 1859,  
K. F. W. Schmidt (1812- ?), 
estampe, Paris, 
Muséum national d’Histoire naturelle

« 
À 20h Moussa et Soro sont là. Nouri aussi, mais c’est pour nous dire qu’il ne viendra pas ce soir car il attend un cousin. Il répond évasivement quant à sa présence la nuit prochaine. Souleymane arrive à 20 h 15 et après attente de l’arrivée éventuelle d’Omar et Philippe les grilles sont fermées à 20 h 30 (à noter que Nouri est toujours en face avec ses copains).

La table est mise rapidement et le repas débute avec un potage carotte/coco (c’est tendance…), suivi d’aiguillettes de poulet accompagnées d’une purée de légumes. C’est tout juste si nos accueillis s’abstiennent de saucer les deux plats tant ils les ont appréciés, au grand plaisir d’Alexandre (qui transmettra les remerciements à son épouse, l’auteure de l’œuvre) et d’Anne-Marie. Le dessert surprise est un Banofi, délicieux, à base de banane et mascarpone. Comme disent les américains c’est bon à se lécher les doigts. Il en reste juste un peu pour le lendemain.

La conversation est surtout animée par Soro avec lequel François partage ses souvenirs d’Afrique. On parle aussi de l’origine des prénoms tant africains qu’européens et c’est l’occasion de découvrir que la petite fille (car née il y a un mois et demi) d’Alexandre se prénomme Madeleine. D’une manière générale Moussa, fatigué, est particulièrement taciturne, Souleymane peu loquace et peut être mal en point (il se frotte le ventre avec grimace à plusieurs reprises) et Soro en pleine forme. Rangement rapide puis coucher tôt vers 22 h. Extinction des feux à 22 h 30. Nuit calme.
Le lendemain réveil à 7 h 30, petit déjeuner avec pain frais spécialement cherché par François et discussion beaucoup plus animée que la veille avec un Souleymane passionné de savoir ce que signifie le Brexit. À cette occasion il nous confie que la France est de loin le meilleur pays d’accueil puisque chacun, même démuni de tout, peut y recevoir des soins. Il nous dit aussi (et ceci explique cela) qu’il n’est intéressé par la conversation que si elle lui apporte quelque chose…La conversation porte aussi sur la culture de cacaoyers en Côte d’Ivoire, Soro nous montrant une belle photo de cet arbre.

Tout est nettoyé et rangé et nous partons à 8 h 40 avec une dernière vision de nos trois accueillis qui nous font de grands signes d’au revoir, cela fait chaud au cœur.

Il faut impérativement apporter du pain (3 baguettes) car il n’y en a plus du tout. D’une manière générale il faut vraiment récupérer tout ce qui reste d’un repas et qui n’est pas emporté par les accueillis car l’alternative ce sont des restes qui encombrent le frigo et finissent par être jetés, ce qui choque nos amis
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samedi 10 février 2018

Compte-rendu du 38e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul. Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Vendredi 9 février, Dominique, Nathalie, François et Bertrand ont accompagné Moussa, Omar, Soro et Soulymane.

«Les accueillis arrivent avant 20 h 10. Lama ne viendra pas.
Les habitudes sont prises tant pour l’installation du repas que pour la vaisselle après le repas à laquelle tout le monde participe.

Au menu soupe de lentille et lait de coco, bœuf au lait de coco (les cuisinières ne se sont pas concertées sur ce petit détail qui change tout !), riz, fromage et pommes. Ils ont tous apprécié le repas. Moussa a bien retenu qu’ «avec une pomme par jour on n’est jamais malade»! En revanche Moussa et Soro ne semblent pas apprécier le fromage : peut-être prévoir des yaourts / fromage blancs en alternative?
Souleymane et Soro ont beaucoup parlé en dioula (langue parlée en côte d’Ivoire, au Mali et en Guinée) avant et pendant le repas ce qui ne facilite pas la communication avec les autres.
Souleymane sera un peu plus disert lors de la pause cigarette et il y aura plus d’échanges le matin. 

L’homme endormi,
Carolus-Duran (1838-1917),
huile sur toile, 87 x 85 cm, 
Lille, Palais des Beaux-Arts
Moussa fait des efforts malgré la barrière de la langue. Seul Nouri semble vraiment d’humeur à parler avec les convives. Il est en bien meilleure forme qu’il y a quelques semaines. Il explique notamment qu’il s’est réveillé à 3 heures du matin sans pouvoir se rendormir à cause des ronflements et qu’il est allé pour rien ce matin à la CPAM parce qu’il avait oublié un document.

À la pause cigarette, il explique qu’en règle générale il s’entend bien avec tout le monde et qu’il ne comprend pas ce qui s’est passé lorsqu’ils en sont venus aux mains la dernière fois.
Malgré ces difficultés de communication, les convives sont de bonne humeur et rient de bon cœur lorsque Moussa explique qu’il est repu.

Compte tenu du temps (il s’est remis à neiger pendant la pause cigarette) ils se félicitent tous de pouvoir dormir à l’abri...
Coucher à 22 h 30 et lever à 7 h. Tout le monde est levé à 7 h 15, les accueillis sont globalement en meilleure forme physique que les années précédentes.
Nouri, Soro et Souleymane partent avec un sandwich. Souleymane ne prend plus de soupe le matin donc il n’est plus nécessaire d’apporter des briques jusqu’à résorption du stock.

Nouri, Moussa et Souleymane sont contents d’aller au théâtre l’après-midi, et ils s’étonnent que les «français» aient la curieuse habitude de faire la queue devant les théâtres à Paris…»