lundi 12 mars 2018

Compte-rendu du 68e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul. Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Dimanche 11 mars, Agnès, René et Roland ont accompagné Moussa, Soro, Soulymane et Umberto.

Anacardier, 1815, 
François-Pierre Chaumetonn
(1775-1819), 
gravure de flore médicale, 
Paris 
Bibliothèque Nationale de France
« À l’ouverture des portes à 20 h, Soro est déjà là, puis se succèdent Moussa, Umberto et finalement Souleymane. 
En effet, après de nombreux allers et retour, pas d’Alain. Soro dispose de son numéro de téléphone et j’apprends ainsi par Alain lui-même qu’il ne vient pas ce soir, mais normalement ce lundi soir… 
Hiver solidaire à la carte ? Cela me trouble, alors que nous savons que la mairie de Paris vient de recenser plus de 2000 personnes qui dorment encore dans nos rues la nuit. 
Les couchages installés, nous passons à table. 
Une soupe de légumes préparée par Agnès avec les légumes de La Sapinière en Vendée (à l’exception des carottes) ravit les palais. Puis ce fut le tour du gratin Dauphino-périgourdin ou Périgourdo-Dauphinois de René dont la recette à base de Confit de canard est soigneusement consignée dans le cahier. 
Umberto et Moussa rassasié sortent de table sans attendre le crumble aux pommes. 
Ce fut l’occasion pour Soro de découvrir la crème chantilly. 
Nos convives semblent fatigués de leur dimanche. 
Moussa n’entretient pas la conversation, et se couche le premier. Umberto reste peu disert. Souleyman qui n’avait pas de match de football est un peu présent. 
Seul Soro participe réellement. Il prend plaisir à nous rencontrer et à parler de son pays qui doit lui manquer. Ainsi, il nous fera découvrir l’anacardier. C’est un, arbre cultivé dans la région de Korhogo au nord de la Côte d’Ivoire, d’où il est originaire, et qui porte la noix de cajou. 
Le repas à peine terminé, la vaisselle est faite et les feux sont éteints : il est à peine 22 h 15. 
Nuit calme, même si de nombreux déplacements interviennent, un ronflement digne des cloches de Notre Dame, et enfin, l’éveil du chantier de la Maison des Jeunes. 
Petit déjeuner tranquille comme le repas du soir. Soro se fit plusieurs tartines de pain à la crème chantilly. 
Nettoyage et départ à 8 h. 
Attention : il n’y a plus de savon liquide pour se laver les mains au lavabo. 
J’ai monté des petits rouleaux de papier toilette, le grand dévidoir étant vide. »