lundi 12 mars 2018

Compte-rendu du 65e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul. Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Jeudi 8 mars, Cécile, Sabine, Jean-Éric et Bernard ont accompagné Moussa, Soro, Soulymane et Umberto.


ABagarre dans la rue, Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875), 
pierre noire et rehauts de craie sur papier brun, 16,1 x 512,9 cm,
Paris, école nationale supérieure des Beaux-Arts (ENSBA)
« Une soirée qui débute dans la tension, mais qui s’achève dans le calme... 
Arrivé à 19 h 50 pour percevoir les clés auprès du sacristain, je me rends compte ensuite, en me dirigeant vers l’église, qu’elle était déjà ouverte par ses deux accès nord. 
Renseignements pris, chaque jeudi, un temps de prière et d’adoration est organisé jusqu’à 22 h à la chapelle de la Vierge. Ce jour, nous n’avons donc pas besoin de gérer la fermeture des portes ; le prêtre s’en charge. 
Après avoir aperçu Moussa en compagnie d’inconnus sur le trottoir d’en face, je descends ouvrir à Bernard et à Cécile qui sont déjà sur place. Sabine arrive un peu plus tard avec l’entrée et le dessert. 
Les choses sont désormais bien rodées, nos convives arrivent rapidement, dans l’ordre et jusqu’à 20 h 15 : Soro, Souleymane, Umberto. 
Peu après, je décide de remonter pour aller chercher Moussa, qui ne nous a toujours pas rejoint. Je le découvre devant la grille de l’église, se faisant copieusement invectiver par un individu visiblement ivre et plutôt violent dans ses propos. Je demande à Moussa d’entrer, et cet individu devient cette fois carrément menaçant et violent dans ces gestes en refermant brutalement la grille sur moi et avant que Moussa ne puisse entrer. Le ton monte rapidement entre lui et moi. J’ignore pourquoi, mais ce type refuse que Moussa nous rejoigne. Heureusement, et avant que je n’envisage de le repousser physiquement pour permettre à Moussa d’entrer, un véhicule de police fait irruption, peut être alerté par une tierce personne. 
L’ «agresseur», intimidé, se calme rapidement. J’en profite pour faire entrer Moussa, sans être totalement tranquille durant le repas ; la grille devant rester ouverte jusqu’à 22h00. J’essaye d’en savoir plus auprès de Moussa, mais sans succès. Il m’informe seulement qu’il ne connait pas cet homme. 
Il ne manque plus qu’Alain !! Je décide de l’appeler pour savoir s’il a l’intention de nous rejoindre ce soir. Celui-ci m’informe qu’il passe la soirée avec ses enfants. J’ignore pourquoi, mais ça a l’air d’irriter Souleymane qui me semble assez énervé en ce début de soirée. 
Nous passons enfin à table autour d’un excellent repas, grâce auquel le calme et la sérénité reprennent leurs droits. Une succulente soupe de carotte, suivie d’un Curry de dinde/riz trrrrrrrès épicé et mon dessert préféré : crumble aux pommes. 
Un délice !!! 

Le Silence - Décoration de l’Escalier d’honneur
de l’ancienne cour des Comptes,
Théodore Chassériau (1819-1856),
huile sur toile, 
75 x 75 cm,
Paris, musée du Louvre
Nous passons donc une bonne soirée, mais je regrette que nos amis restent très largement silencieux, mis à part Soro qui prend part à la conversation. Souleymane reste absorbé par un match de foot qu’il regarde sur son téléphone, Moussa ne dit rien, et Umberto, fort sympathique, mais assez peu bavard ce soir. 

Bernard et Umberto discutent en refaisant le monde jusqu’à 22 h 30, heure à laquelle nous éteignons les feux. 

Réveil de la troupe à 07 h, et après un bon petit déjeuner, dont l’ordinaire est amélioré par les biscuits bretons apportés par Sabine, chacun quitte les lieux. »