mardi 30 janvier 2018

Compte-rendu du 27e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul. Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Lundi 29 janvier, Camille, Charles, Yves et Pierre ont accompagné, Moussa, Soro et Soulymane.


Noirs et blancs, Won sou yeol (né en 1949),
encre sur papier, 
collection particulière
« À 20h alors que j’arrive, Nouri est ivre sur le trottoir d’en face. Pierre et Davide négocient une éventuelle réintégration au groupe, implorant une baisse un peu radicale du niveau d’alcoolémie quotidien. 
Olivier n’est pas arrivé ; il n’arrivera pas cette nuit sans prévenir personne ; Damien contacté n’a pas son téléphone ; Davide présent en début de soirée essaie de le trouver dans la gare du nord... en vain !
Les trois noirs Wolof-speaking sont tous là.
Un moment d’angoisse alors que Pierre a laissé les clés à l’abandon et qu’on croit les avoir perdues ; retrouvées, la paix revient dans la fine équipe.
Camille et Charles mettent la dernière touche à leur cuisine appétissante... Pour cette première, ils imploraient indulgence et compréhension , mais nous n’avons qu’enthousiasme et surtout félicitations à transmettre alors que nous sont servis : potage de lentilles , osso-buco assaisonné et spaghetti délicieux, fromages variés et crèmes à la mangue «sénégalaise» ou fruits rouges. Il faut dire que Charles qui a transcrit la recette de l’Osso buco dans le cahier ad hoc m’a demandé avant de quitter les lieux vers 22 h 40 d’ajouter à la recette que cela doit se préparer avec amour, ce que j’ai rajouté comme convenu.

Il y avait trop de pain et il reste une baguette complète. On peut apporter utilement des mandarines, oranges et bananes.
Reaps paisible, dégustation oblige, extinction des feux un peu tardive 23 h. Souleymane avait plein de choses à dire au téléphone.
Au matin réveil à 07 h café, sucre confiture et pain pour moussa à volonté. Enthousiasme car chaque jour est un jour de fête, et en notre monde le soleil luit toujours contrairement aux apparences...

Départ en avance de solo-le-même (entendre Souleymane) et je remets les clé à jean Michel à 8 h 05.
Je ne saurais achever ce compte rendu sans rendre un peu compte des conversations... Trois noirs, en franco Wolof, sans Olivier, nous apprennent par la voix de Souleymane que les noirs sont méchants et qu’ils ne servent pas convenablement les noirs, que la lecture de la loi et l’accueil dans les préfectures n’est pas équivalents à Paris,Versailles, Créteil ou Bobigny et Nanterre, ce que confirme Pierre (du métier!). Toutes catégories de noirs confondues du marron foncé (sic!) au noir ébène, il est fait meilleur accueil aux blancs et à ceux de la même ethnie. Donc que les noirs s’adressent en premier à des blancs, tout ira mieux pour eux ! Suit un grand débat sur le mariage que je résume ainsi : un mariage blanc, même entre noirs, n’est jamais satisfaisant même si on ne veut pas se marier. Il vaut mieux lui préférer un mariage normal. J’ai demandé des éclaircissements demandant ce qu’est un mariage normal et vous laisse avec cette interrogation car je n’ai pas eu de réponse !

3 observations :
1. Il faut apporter du café car il n’en reste qu’un fond
2. Ce soir il aura un tournage de cinéma ce qui va donner lieu à des lumières et du bruits sous les fenêtres de la chapelle jusque tard dans la nuit
3. Des nappes en toile cirée sont désormais disponibles. »