samedi 20 janvier 2018

Compte-rendu du 15e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul.
Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Mercredi 17 janvier, Caroline, Bruno, Pierre et Henri ont accompagné, Olivier, Nouri, Moussa, Soro et Soulymane.

Le Radeau de la Méduse,1819,
Théodore Géricault (1791-1824), 
huile sur toile, 716 x 491 cm,
Paris, musée du Louvre
« Nos accueillis arrivent au compte-gouttes et un peu trop au fil de l’eau : Moussa était le seul à l’heure ! Il faudrait à mon sens rappeler aux accueillis l’importance de la ponctualité par respect des autres et en particulier des responsables du repas qui apportent généralement des plats chauds qu’il n’est pas toujours facile de faire réchauffer avec les moyens du bord. 
Nous avons finalement commencé nos préparatifs dînatoires vers 20 h 20 ; nous attendions Soulymane qui, dans les faits, avait prévenu Soro qu’il arriverait tard (voir pas du tout) du fait d’un rendez-vous.... Soulymane est finalement arrivé au moment du dessert vers 22 h 00. 

Caroline et Bruno, nos hôtes cuisiniers avaient préparé un excellent tajine d’agneau qui a été apprécié de tous et deux tartes : aux pommes d’une part et poires /chocolat, d’autre part, absolument délicieuses. (...)
Pour terminer les commentaires sur la nourriture, Olivier avait apporté en sus, un paquet de carpaccio, un avocat...nourriture qu’il avait probablement récupéré de son magasin de proximité où il doit avoir ses entrées. Il était manifestement fier de pouvoir apporter ainsi de cette façon sa pierre à Hiver Solidaire, ce qui, on le verra ci-après n’est pas du goût de tout le monde... (...)
Pour moi qui ne connaissait pas encore Olivier et Soulymane, j’ai été surpris par la bonne ambiance qui régnait au début de la soirée. Olivier était charmant, communiquant, serviable et actif à la bonne préparation du repas.
Répondant à nos interrogations pendant le repas, Olivier a pu nous parler un peu de son histoire (...)
Mais le repas a été assez décousu du fait de l’attente de Soulymane (problématique d’aller régulièrement voir s’il n’attendait pas dehors devant la grille d’entrée que nous maintenions fermée pour éviter l’arrivée d’intrus comme récemment). Soulymane est finalement arrivé vers 22 h , de fort belle humeur et nous avons alors pu partager le dessert avec lui. Bon moment de notre soirée d’hier, Soro nous a raconté son incroyable périple depuis Dakar à Paris en passant par le Désert du Niger et de Libye, la traversée de la Méditerranée sur un radeau de fortune avec des passeurs, son arrivée à Naples, puis son périple pédestre entre Turin et Montegenèvre / Briançon avec de longues marches dans la neige, pour finalement arriver en France. 

Le problème relationnel entre Olivier et les autres (et en particulier les trois africains ) a ressurgit pendant le dîner avant l’arrivée de Soulymane. (...)
Nous incitons les bénévoles HS à faire en sorte que le repas soit bien géré par eux et non par les accueillis, pris en commun, et ne soit pas le prétexte à des repas «trop perso» en fonction de ce qui se trouve dans le réfrigérateur. Enfin, règle importante à mon sens, faire en sorte que le travail d’intendance (vaisselle et nettoyage) soit bien pris en charge et partagé par tous (bénévoles et accueillis) une fois seulement que le repas est bien terminé (....).
Coucher vers 22 h 45, nuit sans problèmes majeurs en dehors de quelques ronflements habituels et quelques paroles un peu vindicatives de la part d’Olivier au cours de la nuit vis-à-vis de Nouri qui était son voisin ronfleur (...)
Lever 7 h , petit déjeuner électrique avec Olivier, nous expliquant qu’il était en pire forme que la veille car il n’avait pas dormi à cause des autres et rapidement la situation a dégénéré entrer Olivier et Soulymane, nous obligeant à nous interposer avant qu’ils n’en viennent aux mains .
(...) les notions de respect d’une communauté à l’autre sont différentes.
En conclusion, la situation reste complexe du fait peut-être qu’il n’y a qu’un seul français contre quatre «étrangers» ? Olivier semble prêt à quitter HS, faute de capacité à s’adapter.... Il nous semble qu’il faille une dernière mise au point avec chacun et qu’il soit nécessaire de trancher si les choses ne rentrent pas dans l’ordre rapidement après cette mise au point.»