vendredi 26 janvier 2018

Compte-rendu du 20e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul.
Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Lundi 22 janvier, Isabelle, Ingrid, Yves et Arnaud ont accompagné, Olivier,Nouri, Moussa, Soro et Soulymane.

« Ce lundi soir 22 janvier, Moussa est le premier au rendez-vous, devant les grilles de l’église rue Bossuet.
Olivier, Nouri et Soro attendent en face, devant la Pointe du Groin.
Yves notre référent arrive bientôt, puis Ingrid et Isabelle avec le dîner transporté sur roulettes. Tout le monde se salue et nous entrons, suivis de Souleymane quelques minutes après. Les troupes ont l’air en forme et l’esprit clair.
Chacun installe son matelas, et le couvert est rapidement mis. 
Au menu ce soir : soupe de potiron et autres légumes préparée par Ingrid (il en reste pour le lendemain matin), poulet aux légumes et riz mitonnés par Isabelle (tout le monde en reprend, le plat est terminé), puis clémentines et madeleines. Vous l’aurez certainement compris, le thème du dîner est la couleur orange. 

Route qui tourne, 1906,  André Derain (1880-1954), huile sur toile,
194,9,8 x 129,5 cm, Houston, Museum of Fine Arts
L’ambiance est bonne, entretenue notamment par la bonne humeur d’Ingrid, qui lance un tour de table en invitant chacun à se présenter. Les bénévoles se prêtent au jeu et nous en apprenons un peu plus sur chacun. Côté accueillis, Olivier, volubile, est le seul à se plier vraiment à l’exercice. Nouri ne parle pas spontanément mais répond aimablement aux questions. Souleymane, Soro et Moussa discutent plutôt entre eux mais participent aussi aux conversations de groupe, ils sont notamment surpris par l’âge d’Ingrid (que nous ne révélerons bien sûr pas ici). Souleymane et Soro parlent très bien français, en revanche ce n’est pas le cas de Moussa, avec qui les échanges sont donc plus limités. Nous discutons entre autres des langues d’Afrique de l’Ouest (wolof, bambara), de l’exposition Derain au Centre Pompidou, ou encore de la base nautique des étangs de Cergy.

Yves nous quitte quelques instants, puis nous avons droit à une petite visite du Père Paul et de Frédéric. Nous apprendrons quelques instants plus tard qu’ils étaient à la recherche d’un Hollandais en fugue qui aurait appelé son père en lui indiquant qu’il était enfermé dans l’église. Ce dernier a donc fait le trajet en voiture depuis Rotterdam et s’est présenté ici. Mais pas de trace du fils batave, ni le soir, ni pendant la nuit. C’était sans doute pour faire le lien avec le thème du dîner.
Une petite tension (qui se renouvellera le lendemain au petit-déjeuner) survient entre Nouri et Soro au moment de la vaisselle, le premier semblant agacé par l’excès de zèle du second ou par la répartition des rôles. Mais rien de bien grave, d’une manière générale les tâches ménagères paraissent assez équitablement partagées entre tous.

Après le dîner, Souleymane consulte sur son portable les résultats des matchs de foot des divers championnats européens, les mères montrent des photos de leurs enfants, des conversations bilatérales s’engagent (Soro me raconte notamment sa journée entre Saint-Denis et République ainsi que son périple depuis la Côte d’Ivoire, et me parle de ses capacités en mécanique et de son rendez-vous à la Préfecture le 28 février pour demander l’asile, « mais pas politique » - j’avoue que ce n’est pas tout à fait clair pour moi -). Isabelle et Ingrid nous quittent, plusieurs vont fumer leur cigarette, puis peu après 22h30 Yves annonce l’extinction des feux.
La nuit est calme et tranquille, uniquement rythmée par quelques ronflements. La crypte est bien chauffée, en revanche elle est assez éclairée la nuit par la lumière provenant des fenêtres (je me permets donc de conseiller aux futurs bénévoles nuit de venir munis d’un -ou plusieurs- masque(s) pour les yeux).
Enfin, comme lu dans de précédents compte-rendus, il ne serait probablement pas inutile que certains puissent prendre une douche plus fréquemment. 

Réveil à 7h le lendemain (facile pour tous), rangement des matelas, petit-déjeuner (en termes de quantité, il faut faire 2 cafetières successives), vaisselle puis départ de tout le monde vers 8h05, avec des remerciements chaleureux d’Olivier. »