D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul. Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.
Samedi 3 février, Catherine, Agnès, Jean-François et Pierre ont accompagné, Moussa, Soro et Soulymane.
« À 20h Damien attend devant l’Église l’hypothétique retour de Nouri et, également, d’Olivier. Dans les 10 minutes qui suivent arrivent Soulymane ainsi que Moussa et Soro. Arrivent également Jean François et Catherine Sanchez, ployant sous la charge du dîner, ainsi qu’Agnès. Damien nous fait faire une reconnaissance rapide et complète des lieux puis, constatant l’absence de Nouri et d’Olivier, nous quitte. Tout le monde s’installe et se met immédiatement à table. Même réduite à 7 convives, la table, bien mise et offrant déjà une soupe fumante, nous paraît à tous bien conviviale. Catherine dévoile une marmite bien remplie d’un bœuf carottes délicieux (l’occasion bien sûr de faire référence à l’IGP….) et c’est avec entrain que nos trois amis s’en rassasient. Le dîner se poursuit avec des yaourts (mais pas de fromages car les accueillis n’en sont pas friands) et, au final, deux bûches qui font le bonheur de tous. En fin de repas une boîte de dattes d’Algérie a un succès certain.
La partie de dames au café Lamblin au Palais Royal,
vers 1824, Louis Léopold Boilly (1761-1845), huile sur toile, 55 x 38 cm, Chantilly, musée Condé |
On découvre avec intérêt les parcours universitaires et professionnels des jeunes de nos familles mais ce qui réjouit et même stupéfie Souleymane c’est de découvrir la fibre d’inventeur et de bricoleur de haut vol de Jean François !
Sans revenir sur le détail des initiatives prises par les accueillis nous notons leur incroyable désir d’aider, de faire les choses à fond et, aussi, de s’entraider. C’est un trait de caractère que l’on n’a pas toujours retrouvé chez les autres accueillis. À noter que Moussa a quitté la table assez tôt pour passer un long moment au téléphone. Extinction des feux à 22 h 45, nuit sans histoires et réveil à 7 h 30.
Au petit dèj les accueillis sont beaucoup plus bavards et, comme nous avons le temps en ce dimanche matin, Agnès et moi avons tout loisir d’écouter leurs récits, qui tournent à la discussion sur l’utilité des langues étrangères en rapport avec la recherche de travail. Nouri, qui a passé trois mois en Italie, trouve que l’Italien est beaucoup plus difficile à apprendre que l’arabe, qu’il a appris dans des geôles libyennes. Souleymane nous explique que la migration des africains vers l’Europe s’est beaucoup développée après la chute de Kadhafi car, sous son règne il y avait beaucoup de travail en Lybie pour les africains. Nous apprenons aussi que Souleymane est un passionné du jeu de dames (peut être pourrait on envisager l’acquisition d’un damier ?).
Départ de tous à 8 h 45, chargés des restants du bœuf et des bûches et même de crêpes
Il en reste pour dimanche soir mais il faudra rapidement recharger la provision de café et de sacs poubelle. »