samedi 7 mars 2015

La mort n'est point notre issue

Daniel Clerc
Photographie de Sarah de Gasperis
Nous avons le regret et la tristesse de vous annoncer le décès de Daniel Clerc, 
dit « Papy Daniel »,  accueilli d’Hiver solidaire 2014, le vendredi 27 février à l’hôpital Bichat.

Estelle répond : «Triste nouvelle.
Daniel était-il celui qui dînait avec ses écouteurs sur les oreilles, chaleureux ? ».

En effet, nous tous, bénévoles d’hiver solidaire, portons encore dans notre cœur le souvenir de Papy Daniel, casque sur la tête -il écoutait sa radio- mais une oreille aux aguets (la droite) participant à la conversation tout en donnant des nouvelles du monde. Pendant les repas d’hiver solidaire 2014, Daniel, plein de tact et d’ironie, galant envers les dames, ne tarissait pas d’éloge sur les cuisinières. 

«Souvent, tout en participant à la conversation, il suivait discrètement un match de l’oreille gauche et nous informait de chaque but», racontait Pascale.

Un soir, la conversation se nouait autour du vieux coffre-fort qui se trouvait dans la petite pièce où nous partagions notre repas. Nous nous interrogions : y aurait-il un trésor à l’intérieur ? Daniel pensait que « non, bien sûr ! ».
Pierrot disait « qui sait ? ». Je pressentais alors que plusieurs d’entre nous ce soir là songeaient au vrai trésor que nous tenions entre nos mains à cet instant. 
Cette pensée me submerge aujourd’hui !

Le vingt-deuxième jour, Pierre nous apprenait que grâce à Daniel, il n’ignorait plus rien de l’incidence des balles à ailettes sur le comportement des sangliers... Daniel était un très bon conteur.

Le rêve du pauvrePuvis de Chavannes, 
1883, Musée d'Orsay
Antoinette se souvient : «Je l’avais rencontré il n’y a pas plus de 8 jours, et à mon « Comment ça va ? » il avait répondu « Super », comme d’habitude, mais je l’avais trouvé maigri et l’air fatigué.»

Chaque soir, Daniel mettait la table, il était heureux de participer. Comme disait Damien, songeant aux mots de Jean Oury, «pour nous soigner, soignons d’abord la maison commune».

Angela écrit : «Merci d’avoir partagé cette triste nouvelle, je me souviens bien de lui, et je le croisais quelquefois dans le quartier, autour de la Gare du Nord. Que le Seigneur l’accueille dans sa paix et sa lumière.»

«Fidèle compagne, la mort nous contraint à creuser sans cesse en nous pour y loger songes et mémoire, à toujours creuser en nous le tunnel qui mène à l’air libre. Elle n’est point notre issue. Posant la limite, elle nous signifie l’extrême exigence de la vie, celle qui donne, élève, déborde et dépasse.»(1)

Daniel vit dans nos mémoires, nous prions pour lui aujourd’hui.


Note
(1) Extrait d'un poème de François Cheng, La mort n'est point notre issue