Lundi 1er avril, Abdelilah, Fofana, Kader, Michel et Ody ont été accueillis par Virginie, Clothilde, Véronique et Emmanuel.
Départ des Apôtres allant prêcher l’Évangile,
Charles Gleyre (1806-1874),
huile sur toile, 197 x 294 cm, Montargis, musée Girodet
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Damien et Charles sont venus l’un pour voir Kader, l’autre pour partager un excellent dîner (soupe de légumes, poulet basquaise-riz, mousse au chocolat et gâteau aux pommes, rien que ça!) et rassurer Michel : il l’emmènera demain matin à la gare, direction Toulouse.
L’atmosphère est plutôt joyeuse, tous ont une solution, au moins transitoire, pour les mois qui viennent et cela se voit. Pas trop de crispations, de stress, un élan chaleureux. Cette bonne ambiance permet à Abdellilah de nous dire longuement, avec une certaine véhémence, qu’il a beaucoup aimé faire partie de ce groupe mais qu’il n’a pas aimé le témoignage qu’il a dû faire au moment du concert Gospel. Il s’est senti piégé, un peu idiot, ne sachant pas quoi dire et surtout, stigmatisé comme un pauvre, un sans-abri; le pire étant les photos prises sans son consentement; comme il le dit bien : ‘’si j’ai réussi quelque chose, si je suis un champion, je veux bien qu’on me prenne en photo ; mais je ne connais pas les gens qui ont pris les photos, j’ai honte et je ne veux pas que ma photo(de moi en pauvre) circule sur internet’’. À méditer pour les Hivers Solidaires futurs...
Cela dit, ils se sont exprimés, sauf Michel mais qui écoutait attentivement, sur ce qu’ils ressentent quand ils sont mis en avant, sur les intentions derrière ces demandes de témoignage, sur la confiance qu’ils ont en nous, bénévoles, et qui s’est construite au fil du temps, rien à voir avec les projections que des spectateurs aussi bien intentionnés soient-ils pourraient avoir sur le monde des sans abris.
Et Fofana, toujours aussi fin, a très bien su détendre l’atmosphère, en deux temps ; d’abord en nous disant, un peu solennel, qu’il nous quittait demain pour aller à ... Lille, retrouver un ami qui avait un logement et du travail pour lui ; nous avons tous applaudi, trop heureux. Il a alors ajouté ‘mais il faut regarder la date, aujourd’hui c’est le 1er avril’ et de partir d’un énorme éclat de rire. Franchement, arriver à rire de sa propre situation, avoir cette élégance de nous faire partager ses rêves en les habillant d’humour, chapeau !
Extinction des feux un peu tard, bien qu’il faille se lever tôt demain; Michel part à 7h30.
Nuit ok. Ce matin, Michel est ému et un peu stressé : il n’a plus l’habitude d’avoir autant de bagages (2 sacs), se demande si tout va tenir, s’il va payer un supplément pour ses bagages dans le train... Olivier et Charles sont heureusement là pour l’accompagner.
Après le petit dej, séance rangement-tri. Sabine, Virginie, Damien, Pierre, Claude sont là pour tout remettre en ordre. Je pars à 9 heures bien avant la fin des rangements.
Je suis contente de savoir que la plupart sont encore dans le quartier et que nous pourrons nous revoir.